Le temps passe et les grands acteurs financiers semblent s’accumuler petit à petit dans le colossal dossier de manipulation des taux de change. Citigroup, JP Morgan ou encore HSBC sont notamment visés par une enquête qui vient littéralement de décapiter une partie de la finance internationale.
Nous assistons depuis trois semaines environ à la révélation de l’un de plus gros délits d’initiés du siècle. Ne tombons pas dans le sensationnalisme inutile qui n’apporterait rien à nos lecteurs : chaque mot de cette analyse est pesé et reflète réellement notre pensée. Le marché des changes a « tout simplement » été manipulé par des trading desks complices, mais officiellement concurrents. Trois éléments nous interpellent fortement dans cette affaire.
Premier point qui n’étonnera pas les plus aguerris de ce milieu : une dizaine de banques semblent impliquées dans cette affaire. Autrement dit, une dizaine d’acteurs majeurs à l’échelle planétaire semblent complices de ce délit d’initié géant. Pour arriver à leurs fins, les responsables des trading desks soupçonnés de fraude discutaient simplement par voie électronique, dans des salons baptisés « Cartel », « la Dream Team », « le Club » ou « le Club des bandits », ce qui nous amène de ce fait à notre deuxième point d’étonnement … un étonnement très relatif. L’enquête tendrait à démontrer que ces lieux d’échange portaient bel et bien ces noms et n’étaient pas particulièrement sécurisés.
D’où notre interrogation : comment peut-on participer au casse du siècle sans prendre la moindre protection ? Autant braquer une banque en plein jour, sans masque et en prenant le soin de décliner son identité aux agents de sécurité. La réalité est bien souvent éloignée des scénarios hollywoodiens et une fois de plus, nous ne pouvons que constater, sidérés, l’aspect burlesque de ce potentiel délit d’initié.
Troisième et dernier fait particulièrement remarquable dans ce dossier : sa dimension internationale. L’affaire prend une tournure mondiale tant sur les traders visés par l’enquête que sur les conséquences globales répercutées sur le marché des changes.
Le casse du siècle
Plusieurs grands noms du trading sur le marché des changes sont en train de tomber. Citons notamment Chris Ashton, Julian Munson, Paul Nash et Mark Clark, tous traders seniors basés à Londres pour la Royal Bank of Scotland. RBS a pour le moment suspendu six de ses traders dont fait également partie Jack Murray (Tokyo). Chaque jour, nous apprenons de nouvelles évictions des banques visées par l’enquête, notamment à New-York. La Suisse n’est pas en reste avec la suspension de Niall O’Riordan et Matt Gardiner, également traders seniors basés à Zurich pour UBS. Le Wall Street Journal révèle également que d’importants responsables de Citigroup seraient concernés pour la zone européenne comme Rohan Ramchandani ou Richard Usher. L’une des réactions des banques visées est naturellement (et c’est bien la moindre des choses !) la possible interdiction pour ses traders d’utiliser des biais électroniques aussi peu sécurisés. En clair : continuez de communiquer, mais faites-le proprement !
Bref, vous l’aurez compris, la liste est longue et non exhaustive d’où ce terme fort, mais légitime, de « décapitation », qui synthétise bien la situation. Pour ce qui concerne les banques dont on sait, pour le moment, qu’elles sont visées par cette enquête internationale, de très grands noms apparaissent également, parmi lesquels Deutsche Bank, UBS, Barclays, Crédit Suisse, Citigroup, JP Morgan, HSBC et Royal Bank of Scotland. A ce stade, aucune banque française ne semble concernée, mais la situation pourrait rapidement évoluer. Très clairement, ce scandale ne peut que nous rappeler celui des manipulations sur les taux interbancaires Libor où cinq colosses de la finance mondiale avaient été reconnus coupables par les autorités. Record absolu, le total des amendes s’était alors élevé à 3,5 milliards de dollars.
Avec quelques 5 300 milliards de dollars échangés chaque jour, soit l’équivalent du volume annuel du CAC40, il paraît impossible de déstabiliser une parité monétaire aussi forte que l’euro/dollar. Guillain Méjane, le fondateur et manager du hedge fund NFT Investment détaillait il y a quelques jours pour Les Echos (et sans langue de bois, chose rare pour un intervenant financier médiatique), le mécanisme certainement utilisé par cette « Dream Team ». M. Méjane précisait notamment : « pour manipuler les devises, il suffit de passer tous les ordres de la journée pendant une minute très précise, mais il faut que ce soit sur des croisements peu liquides, comme sur le dollar néo-zélandais par exemple. L’euro/dollar est un marché trop gros pour être manipulé. »
Petit à petit, la scène du crime devient plus limpide et nous serons amenés, naturellement, à en apprendre davantage dans les prochaines semaines sur ce dossier colossal. Nous ne savons pas encore exactement, par exemple, les volumes sur lesquels ont traité ces opérateurs dans le cadre de cette affaire. Mécaniquement, il s’agit de plusieurs dizaines de milliards d’euros, au bas mot. Nous étions parmi les premiers à dévoiler cette information dès le 25 septembre dernier et notre conclusion était volontairement imagée mais radicale : « Définitivement, on ne chasse pas le moustique à la Kalachnikov ». Le manque total de finesse et de bon sens des présumés coupables nous amène également à penser que ces affaires (à l’instar des manipulations sur les taux interbancaires Libor) semblent récurrentes. Pourtant, rares sont les opérateurs et les médias à avoir évoqué ce dossier, à notre sens, fondamental.
En somme, ce « casse du siècle » aux conséquences mondiales pour les marchés est en train de littéralement décapiter les grands trading desks internationaux. Une très forte complicité, purement illégale, entre concurrents, un manque incroyable de subtilité et de finesse associé à un formidable sentiment d’impunité ont permis de créer ce cocktail hallucinant. Cette « Dream Team » se croyait intouchable et risque d’entraîner certaines des plus grandes banques internationales dans un nouveau scandale. Qu’il s’agisse d’une nouvelle amende record pour les banques visées ou d’un nouveau coup de hache donné à la finance auprès de l’opinion publique, la nouvelle paraît bien lamentable, mais riche de sens pour qui saura lire entre les lignes et profiter de cette actualité sur les marchés financiers.
Analyse Technique EUR USD
Après deux semaines de dépréciation de l’euro, nous pouvons observer actuellement un rebond correctif. Le marché a défendu le niveau des 1,3300 et a rebondi à 1,3550. Cette première et importante résistance est en cours de test. En outre, nous pouvons apercevoir un chandelier d’avalement haussier sur les derniers échanges.
Habituellement, seul un mouvement au-dessus ou en-dessous du point haut ou du point bas du chandelier mène à un mouvement plus important. Donc, si le seuil des 1,3545 est rompu, on peut s’attendre à un mouvement vers 1,3700 et si 1,3294 est brisé, le marché devrait viser le niveau des 1,3100 à moyen terme.
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