Comme un air de révolution à la BCE
Alors que le consensus financier n’attendait rien de bien particulier de la conférence de presse de Mario Draghi (celle du jeudi 4 septembre), la surprise fut de taille. Et par « surprise », nous évoquons un euphémisme. Les opérateurs boursiers étaient plutôt, globalement, en attente d’éléments de langage pouvant traduire de nouvelles actions de la part de la Banque centrale européenne mais certainement pas de tels développements. Ainsi, la BCE lancera dans les prochaines semaines un programme de rachat de dette privée afin de soutenir le marché du crédit et la (trop) faible croissance économique sur le Vieux Continent. Draghi a notamment lancé hier : « La BCE va acheter un large portefeuille de titres adossés à des titres de créances (NDLR : ou « ABS ») ainsi qu’un large portefeuille d’obligations sécurisées libellés en euro et émises par des institutions financières de la zone euro ».
Le montant alloué à ce programme n’est pas encore connu et comme à son habitude, Mario Draghi entrera plus dans les détails de ces mesures à l’occasion de la prochaine conférence de presse, en octobre. Il laisse, ainsi, toute la place désirée aux opérateurs boursiers pour spéculer sur ses intentions dans un mois. D’après le principal intéressé, ce programme doit permettre de revenir à un niveau d’inflation proche de 2% : ce n’est pas la première fois que cet objectif est annoncé, sans être respecté. L’américain Blackrock servira d’intermédiaire pour que la BCE puisse réaliser ses achats massifs. Autre surprise de taille et pour le moins inattendue : l’abaissement du principal taux directeur de la BCE de 0,15% (depuis juin) à 0,05%.
Naturellement, ces mesures ont entrainé un effondrement de l’euro face au dollar américain et la poursuite du rallye haussier des indices européens, en cette période où le principal levier déstabilisateur pour les marchés européens (la crise ukrainienne) semble se résorber, au profit d’une résolution diplomatique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la BCE a rompu avec sa culture de consensus et de dialogue, dans la mesure où l’avis (toujours très orthodoxe) de la Bundesbank (la Banque centrale allemande) n’a, pour une fois, pas été écouté. En effet, Jens Weidmann, son président, n’a pas manqué de faire remarquer publiquement que l’Allemagne était opposée à ce qui s’apparente de plus en plus à un « Quantitative Easing » à l’européenne. En somme : l’utilisation d’outils de moins en moins conventionnels, près de six ans après les Etats-Unis.
Le 4 septembre est donc la date à laquelle une petite révolution culturelle eut lieu au sein de la BCE. Les nouveaux outils présentés entrainent la zone euro vers une politique monétaire de plus en plus agressive, face à une inflation de 0,4% en juillet 2014, contre 1,3% un an auparavant. Ces nouvelles mesures viennent donc compléter l’arsenal (déjà impressionnant) présenté par Mario Draghi en juin dernier. Néanmoins, Draghi n’a pas manqué de mentionner que la BCE ne pouvait à elle seule relancer l’inflation, la croissance et les espoirs du Vieux Continent : « Il sera très difficile d’atteindre l’objectif d’une inflation proche de 2% sur la base de la politique monétaire, il faut de la croissance, des politiques budgétaires, il faut des réformes structurelles avant tout ». La balle est donc désormais dans le camp des gouvernements nationaux, et en particulier dans ceux de François Hollande et de Giorgio Napolitano. A suivre !
Analyse Technique EURUSD, W1
Comme anticipé lors de nos précédentes analyses, la parité EURUSD poursuit sa baisse en respectant nos principaux objectifs. Néanmoins, les deux dernières semaines ont été marquées par la rupture du support du canal de la parité (CF graphique). Cette rupture s’est d’autant plus accentuée, naturellement, avec la conférence de presse de Mario Draghi du jeudi 4 septembre (CF notre analyse présentée ci-dessus). Par ailleurs, le franchissement du support du canal est d’autant plus intéressant qu’il coïncide en W1 avec le franchissement des 38,2% de Retracement de Fibonacci.
De deux choses l’une. Puisque nous insistons dans nos analyses sur le fait que le dollar est la devise mondiale présentant le meilleur potentiel à l’achat (et ce, depuis plusieurs mois maintenant), nous serions tentés d’insister « simplement » (sans aucun bémol) sur la poursuite de la tendance actuelle en direction des 61,8% de Retracement, donc vers 1,2800. La tentation est d’autant plus forte que la baisse devrait être soutenue dans les prochains jours/semaines par la poursuite des publications économiques américaines montrant une réelle sorte de crise.
Nous sommes, ainsi, baissier à moyen terme, en direction des 61,8% voire des 78,6% (à 1,2500) pour la fin d’année. Qui plus est, la fin programmée du Quantitative Easing américain devrait soutenir cette tendance. Néanmoins, du fait de la sortie du canal et de la rupture encore timide des 50,0% (à 1,3000/1,3020), nous n’excluons pas qu’une petite période d’attente, voire de légère consolidation haussière (sans excès, n’exagérons pas la chose) apparaisse d’ici là. De plus, les récents mouvements baissiers ont entrainé les histogrammes de l’oscillateur MACD sur leurs plus bas niveaux depuis début 2012.
Toujours est-il que notre objectif central pour la parité-reine est bien sûr fixé à 1,2800 (61,8% de Retracement de Fibonacci), pour les prochaines semaines.
Mimétisme & Trading
Petit tour d’horizon du principe de mimétisme appliqué aux marchés boursiers. Dans le langage courant, le mimétisme est très souvent associé à l’instinct grégaire des animaux. Souvenez-vous de l’histoire des moutons de Panurge. Si l’on en croit Rabelais, il suffirait de jeter à l’eau le mouton de tête pour que l’ensemble du troupeau en fasse de même et se noie. On comprend dès lors que vouloir attribuer ce type de comportement moutonnier à ceux qui interviennent sur les marchés financiers puisse paraître péjoratif et susciter certaines réticences de la part des intéressés. Ce n’est pas que le mouton soit un animal particulièrement suicidaire, mais sa seule manière de déterminer sa trajectoire est de suivre ses autres congénères. Cette impulsion naturelle qui les pousse à se regrouper et à s’agglutiner a également une autre utilité : chaque animal ainsi noyé dans la masse est alors mieux protégé, mieux défendu contre les prédateurs que s’il était seul, ce qui augmente ses chances de survie.
De même, l’investisseur ou le spéculateur qui n’est pas informé pourra accroître sa performance boursière en suivant ceux qui sont mieux informés que lui. Qu’un seuil de résistance graphique soit franchi avec des volumes inhabituels déclenchera chez le chartiste un signal d’achat selon le raisonnement suivant : si autant d’investisseurs se mettent à acheter, c’est qu’ils doivent posséder une information que je n’ai pas. Lorsqu’on prend une décision, on est avant tout guidé par la perception que le choix qu’on fait est le bon. Or comment détermine-t-on si un acte est approprié ? En partie par le comportement des autres, car on imagine assez facilement que les autres, surtout s’ils sont nombreux, savent ce qu’ils font. Comment pourraient-ils être aussi nombreux à avoir tort ? Imiter les autres parce qu’on les suppose mieux informés est une réponse parfaitement rationnelle à un problème de manque d’information.
En tant que piéton, ne vous est-il jamais arrivé d’attendre à un feu puis de traverser la rue sans même regarder le signal, uniquement parce que tout à coup, la foule autour de vous se mettait à traverser ? Dans un environnement incertain, le comportement mimétique est une attitude tout à fait rationnelle. Cette constatation peut même être érigée au rang de règle comportementale. Si vous ne savez rien de l’évolution future de la Bourse, la raison vous commande de faire comme tout le monde ! Au passage, nous pouvons faire remarquer que ces comportements mimétiques, si souvent présents sur les marchés boursiers, remettent totalement en cause l’une des hypothèses fondamentales de la théorie d’efficience des marchés. Celle qui suppose que chacun des intervenants de marché réagit aux cotations boursières affichées sur son écran, en toute indépendance par rapport à ce que peuvent faire les autres investisseurs, autrement dit le contraire du mimétisme.
S’il permet à l’investisseur particulier d’améliorer son information, le mimétisme boursier n’est pas absent chez les gérants d’OPCVM. Leur rémunération est non seulement calculée sur la performance absolue, mais également par rapport aux performances des autres gérants. Quand on ne sait pas quelle orientation va prendre le marché, que l’on n’a pas d’idée sur les titres à mettre dans sa SICAV, et que l’on n’a surtout pas envie de prendre le risque de faire moins bien que ses confrères, l’attitude la plus rationnelle commande de suivre le consensus. Au moins, si la majorité des concurrents se trompent, on perdra avec eux tandis que s’ils ont raison, on gagnera avec eux, également. Logique ! A suivre.
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