En Angleterre, le “Mercredi Noir” (le 16 septembre 1992) est connu comme le jour où les spéculateurs ont mis à genou la livre sterling.
En réalité, ils n’ont pas vraiment causé sa perte, mais ils ont forcé le gouvernement britannique à se retirer du mécanisme de change européen (MCE), le fameux serpent monétaire.
Bien qu’en retrait par rapport aux devises européennes, la livre sterling avait fait de l’ombre au deutsche mark avant les années 1990. Malheureusement, l’envie de faire comme ses voisins européens conduisit la Grande-Bretagne à avoir de faibles taux d’intérêt et une inflation élévée. Le pays entra dans le MCE avec le souhait express de garder la parité de la livre au-dessus des 2,70 marks, souhait peu réalisable étant donné que l’inflation de la Grande-Bretagne dépassait très largement celle de l’Allemagne.
En plus des problèmes causés à la livre par l’inclusion de la Grand-Bretagne dans le MCE, la réunification allemande vint alors aggraver les choses en remettant en cause le statut du deutsche mark comme devise de référence du MCE. Les spéculateurs se rendirent compte des fragilités inhérentes au MCE, et ils commencèrent à voir que les taux de change fixes ne pourraient pas continuer à aller à l’encontre des forces naturelles du marché . Consciente de l’enjeu, la Grande-Bretagne augmenta ses taux d’intérêt au-delà de 10% pour rendre la livre sterling plus attractive.
Sauf que les spéculateurs, George Soros en tête, se mirent à la shorter massivement.
Le gouvernement britannique fut contrainte de se retirer du MCE car il devenait clair qu’il était en train de perdre des milliards de livres sterling en essayant de maintenir sa devise à flot artificiellement.
Ce fut une période difficile, mais la livre sterling en sortit renforcée. En effet, les lourds taux d’intérêt puis la chute de la livre ont contribuèrent à juguler l’inflation et firent du bien à l’économie britannique.
Soros empocha 1 milliard de dollars et consolida sa réputation mondiale de grand spéculateur de devises.