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Comment l’Iran peut faire baisser le prix du pétrole

Comment l’Iran peut faire baisser le prix du pétrole




Les événements géopolitiques constituent une variable essentielle de l’évolution du cours du pétrole. Après les tensions en Syrie qui ont tenu en haleine les opérateurs durant l’été, c’est au tour des négociations sur le nucléaire en Iran de jouer le “la” sur le marché. Explications.

Les cours du pétrole évoluent en dents de scie depuis le début du mois de novembre, au rythme des négociations autour du nucléaire iranien. En effet, depuis quelques semaines, l’Iran tente de convaincre une nouvelle fois les pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France, Allemagne) de lever au moins une partie des sanctions économiques et financières qui grèvent son économie. Téhéran doit rassurer sur la nature de ses travaux sur l’atome nucléaire civil, soupçonné par certains pays occidentaux, la France en premier lieu, de comporter un volet militaire.

Au gré des réunions et annonces des participants aux négociations, le pétrole enchaîne des mouvements contradictoires entre un peu plus de 100 et 109 dollars le baril de Brent de la mer du Nord. Pour schématiser : les cours baissent si les perspectives d’accord s’affirment – c’est le cas à l’approche de la reprise des discussions le 20 novembre – mais ils progressent si les négociations tournent à l’échec – ce fut le cas le 11 novembre.

Retour du pétrole iranien

Pourquoi ces négociations relatives au programme nucléaire iranien impactent-elles les cours du pétrole ? Parce qu’en cas d’accord, les sanctions économiques imposées à l’Iran pourraient être assouplies. Or celles-ci portent notamment sur les exportations de pétrole. Avant l’embargo instauré en 2011, l’Europe était par exemple le deuxième client en or noir de l’Iran, dont la production atteignait les 2 millions de barils par jour. Aujourd’hui, seuls quelques pays asiatiques (Chine et Inde notamment) continuent d’acheter le pétrole iranien, mais en quantités limitées – l’Iran produit désormais environ 1 million de barils par jour – ce qui réduit considérablement les rentrées d’argent pour le pays, en pleine récession.

Si l’apaisement des tensions entre l’Iran et la communauté internationale constitue un point positif d’un point de vue diplomatique, le retour sur le marché du pétrole iranien pourrait en mécontenter plus d’un dans un contexte d’abondance de l’offre. L’exploitation nouvelle du pétrole de schiste aux Etats-Unis a permis à ces derniers d’augmenter leur production de 2 millions de barils par jour ces deux dernières années, ce qui a plus que compensé la baisse de la production iranienne. Les pays de l’OPEP, de leur côté, ouvrent largement les vannes avec un peu plus de 30 millions de barils par jour.

Les perspectives sur la demande de pétrole n’annoncent pas de hausse marquée. Les pays émergents, qui demeurent les premiers importateurs, Chine, Inde et Brésil en tête, vont probablement acheter davantage de pétrole, mais la demande des pays développés peut difficilement progresser dans un contexte de fragilités économiques.

L’attention des opérateurs reste donc rivée sur les discussions entre l’Iran et les représentants occidentaux jusqu’à la clôture de la phase actuelle. Une fois les effets d’annonce digérés, l’évolution des cours du pétrole devrait ensuite se normaliser autour de 100 dollars le baril de Brent. Jusqu’aux prochains événements.

Nadège Bénard