Devenus indispensables aux modes de consommation modernes, les terres rares et les métaux stratégiques représentent, pour certains, l’investissement de demain.
Comment trader les terres rares et métaux stratégiques
Qu’est ce que des terres rares et métaux stratégiques
Terres rares et métaux stratégiques ont pris une place insoupçonnée dans notre quotidien. Ils entrent dans la composition de très nombreux appareils (téléphones, écrans), de pièces automobiles ou encore de dispositifs d’énergie solaire et éolienne. Ce sont des métaux essentiels au progrès, à la technologie moderne et à l’industrie, mais susceptibles de pénurie ou de difficultés d’approvisionnement. Les terres sont dites “rares” non parce qu’elles manquent, mais parce qu’elles impliquent de grandes difficultés d’exploitation (main d’oeuvre, moyens techniques, impact environnemental).
En 2010, l’Union européenne a identifié 14 substances stratégiques : antimoine, béryllium, cobalt, fluorine, tantale, tungstène, gallium, germanium, graphite, indium, magnésium, niobium, ainsi que six éléments dits “platinoïdes” et les fameuses terres rares (une famille de 17 éléments chimiques).
Les terres rares sont reconnues comme un actif stratégique, notamment pour les Etats-Unis. Mais tous ces matériaux n’ont pas la même valeur critique. Leur valeur diffère pour les pays selon la nature des réserves qu’ils détiennent sur leur sol. Ainsi, le terbium, le neodyme et le dysprosium sont particulièrement recherchées.
La production mondiale de terres rares est passée de 89 millions de tonnes au début des années 2000 à plus de 130 millions aujourd’hui, attestant d’une dépendance croissante à l’égard de ces matériaux et de son principal pays producteur : la Chine (96 % de la production). Celle-ci, après avoir réduit les accès à ses mines afin de maintenir les prix sous tension, a opéré un grand nettoyage de ses installations et semble prête à relancer ses exportations au vu d’une demande croissante.
Les Etats-Unis, soucieux de réduire leur dépendance à la Chine, ont relancé l’exploitation du site de Mountain Pass en Californie, détenu par la société Molycorp. En Australie, c’est la société Lynas qui exploite la zone de Mount Weld (les ressources sont ensuite traités en malaisie).
Il existe plusieurs autres compagnies minières d’envergure internationale : Avalon Rare Earths, Rare Elements Resources, China Rare Earth Holdings ainsi que des sociétés aux activités minières diversifiées : Eramet, Iluka Resources, Assore Ltd, Tronox Ltd, etc.
Comment investir dans des terres rares et métaux stratégiques ?
Mais les cours de Bourse des minières spécialisées en terres rares sont, comme ceux des minières classiques, sujets à une forte volatilité, en raison de leurs coûts d’exploitation et de considérations réglementaires (environnement notamment). Diamant Bleu Gestion suit de près Molycorp, Lynas et Eramet (société française), qui pourraient bénéficier de l’accroissement de la demande et de l’exploitation de gisements prometteurs. Mais Lynas a, par exemple, essuyé de lourdes pertes en 2013.
Détention en directe
Les investisseurs décidés à tirer profit de cette manne sans dépendre de la volatilité des cours de Bourse peuvent être intéressés par la détention physique de ces métaux. Il est nécessaire, dans ce cas, de passer par un courtier spécialisé – Global Métal Brokers, Rare Metal Brokers – ou autre intermédiaire – MTL Index – qui passe ensuite commande auprès d’un grossiste lui aussi spécialisé.
S’il est théoriquement possible d’acheter quelques grammes d’un métal, les coûts de courtage, de stockage et d’assurance impliquent un investissement d’au moins 5 000 euros pour un investissement rentable.
Les conditions de stockage des métaux doivent être déterminées selon des critères de frais et de fiscalité notamment. En effet, le stockage en entrepôt sous douane permet d’éviter le règlement de la TVA et des droits de douane. La société Metlock permet notamment d’entreposer les métaux de technologie et les terres rares dans un bunker situé dans la région du Rhin-Main dans des conditions de haute sécurité.
ETF et Fonds Communs de Placement (FCP)
Il est aussi possible d’investir via un ETF. Outre les ETF positionnés sur les matières premières en général, il existe un ETF positionné explicitement sur les terres rares : Market Vectors Rare Earth / Strategic Metal ETF (REMX). Cet ETF vise à répliquer la performance de l’indice Market Vectors Global Rare Earth/Strategic Metals Index (MVREMXTR). Dans ce cas, vous misez sur la hausse du cours de Bourse des sociétés minières actives dans les terres rares, qui, comme nous l’avons dit, sont très volatiles.
Autre solution : la Sicav Orion Terres Rares et Ressources Stratégiques (LU0386354418) de George V Asset Management. Là encore, il s’agit d’investir dans des sociétés cotées, mais le gérant bénéficie d’une plus grande marge de manoeuvre dans la sélection de titres. Les sociétés peuvent être léies directement ou indirectement aux terres rares et aux ressources stratégiques : exploration, production, transformation et recyclage, d’où une plus grande diversification.
Pour ce qui est du timing, si 2014 doit être l’année des terres rares, mieux vaut être parmi les premiers à en profiter !
Nadège Bénard
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Responsable éditoriale - Café de la Bourse
Après des études littéraires et une double formation en communication à la Sorbonne et au CELSA, Clémence Tanguy a travaillé à la SNCF et au Conseil Général des Hauts-de-Seine avant d’intégrer l’équipe de Café de la Bourse en 2015. Elle est en charge des sujets relatifs à l’actualité macro-économique, aux crypto-monnaies, aux produits financiers, aux finances personnelles et à l’investissement en général, avec une approche pédagogique et pragmatique.