Il semble que personne n’est à l’abri. Ces derniers mois, tous les grands acteurs du secteur ont rapporté de fortes baisses de volumes de trading sur le marché des changes.
En novembre 2012, CLS Bank, qui gère le plus grand système de règlement de transactions du monde, a constaté au troisième trimestre 2012 une baisse de 6% sur un an des volumes quotidiens de transactions.
De même, ICAP Plc, le plus grand broker forex du monde pour les transactions interbancaires, a vu ses volumes quotidiens moyens sur le forex chuter de 46% entre octobre 2011 et octobre 2012.
Le géants du forex dit « retail » (pour les particuliers) n’y échappent pas. En septembre 2012, FXCM a constaté une baisse de 18% sur un an. Au troisième trimestre 2012, Gain Capital a vu ses volumes fondre de 38% (!) sur un an.
Il y a des centaines de raisons possibles à cette chute de volumes de transactions, mais nous en avons identifié trois grandes.
L’interventionnisme des banques centrales
La première (et la plus grande) cause de ce phénomène est l’interventionnisme des banques centrales. Ce n’est un secret pour personne ; les banques centrales font tout leur possible pour manipuler les taux de change de leurs monnaies en jouant sur la masse monétaire, à grands coups de planche à billets.
Avec des taux directeurs proche de zéro aux USA, au Japon et en zone euro, la demande pour le dollar, le yen et l’euro (les 3 devises les plus échangées) s’est réduite comme peau de chagrin.
Le carry trade, autre forme de trading très prisé, a aussi souffert de la politique monétaire hyperactive des banques centrales. Il fut un temps où les traders profitaient de taux élevés dans des pays comme l’Australie, la Suède ou le Brésil. Mais avec le ralentissement de l’économie mondiale, les banques centrales ont toutes abaissé leurs taux d’intérêts directeurs, réduisant d’autant l’attractivité des carry trades.
L’environnement de marché incertain
Les marchés sont incertains par nature, mais il faut tout de même l’admettre, il est devenu plus difficile ces jours-ci d’anticiper l’évolution du sentiment de marché.
Les dirigeants de la zone euro s’agitent tant qu’ils peuvent pour que les pays de la périphérie restent dans l’euro, les politiques américains passent leurs nuits à s’écharper sur le fiscal cliff et le plafond de la dette, et la Chine s’efforce de prouver au monde que son économie est toujours en croissance. Avec de pareilles incertitudes au-dessus de leurs têtes, difficile de blâmer les opérateurs de fermer leurs positions et de rester sur la touche.
La règlementation plus stricte
Un autre facteur, moins évident, est l’apparition de règlementations plus contraignantes aux Etats-Unis. Bien que de nombreuses règles du Dodd-Frank Act ne sont pas encore entrées en vigueur, les obligations croissantes en terme de capital et de marge ont affecté de nombreux grands opérateurs.
A quoi il faut s’attendre
Vue la situation actuelle, il faudra s’habituer à voir moins de volumes et moins de volatilité. Avec tout autour du monde des banques centrales déterminées à mettre en peuvre des politiques monétaires ultra-laxistes, l’environnement actuel est peu propice au trading. Il n’y pas plus de (vrais) prix, ma bonne dame !
Les opérateurs ont réduit leur exposition parce que l’espérance de gain ne justifie plus le risque. Et cette situation devrait perdurer jusqu’à ce que les banques centrales arrêtent de manipuler les taux de change et les taux d’intérêt.
Mais que tout cela ne vous empêche pas d’aller chasser le pip. Un bon trader doit savoir s’adapter au contexte de marché. Passez en revue vos possibilités et explorez des stratégies efficaces dans des marchés peu volatiles.
Autre possibilité, vous pouvez compenser la faible volatilité par des positions plus grosses.
Mais rappelez-vous : restez a-da-ptable !
Laurent Curau