Pour lutter contre le franc fort, la Banque Nationale Suisse (BNS) achète massivement des devises, principalement des euros. Résultat : son bilan explose. La BNS s’expose ainsi de plus en plus aux instabilités de la zone euro. En voulant lutter contre la déflation, la BNS risque d’obtenir l’inflation.
Avec la crise, les investisseurs se sont rués vers le franc suisse, qu’ils perçoivent comme une valeur refuge. Cette ruée a fait flamber le franc suisse vis-à-vis de la plupart des grandes monnaies, dont l’euro. La BNS estime que la juste parité de l’EUR/CHF est 1,20. Cette mesure a été prise après que le franc suisse s’est approché de 1a parité avec l’euro, en août 2011.
Pour garantir ce plancher, la BNS intervient activement sur le marché des changes ; quand la valeur de l’euro tombe en-dessous de 1,20 CHF, la BNS achète des euros avec du franc suisse, afin de soutenir le cours.
Pourquoi soutenir l’euro à tout prix ?
Comme la zone euro est le premier partenaire commercial de la Suisse, la BNS craint qu’un franc suisse trop cher ne nuise aux exportations, à l’économie et à l’emploi national.
« La surévaluation actuelle du franc est extrême. Elle constitue une grave menace pour l’économie suisse et recèle le risque de développements déflationnistes. La Banque nationale fera prévaloir ce cours plancher avec toute la détermination requise et est prête à acheter des devises en quantité illimitée. » (BNS, 6 septembre 2011)
La BNS redoute également les effets déflationnistes d’un franc suisse surévalué. En effet, un franc suisse fort réduit le prix des importations d’énergie et de matières premières, ce qui a pour effet de faire baisser les prix à la consommation.
Sixième réserves de change du monde
L’hyperactivité de la BNS a fait d’elle le sixième détenteur de réserves de change du monde, derrière la Chine, le Japon, la Russie, l’Arabie Saoudite, le Brésil et Taïwan. Avec 374 milliards de dollars (365 milliards CHF) de réserves de change, la Suisse arrive donc juste derrière les plus gros exportateurs de ressources naturelles.
La Suisse s’expose aux risques de la zone euro
Depuis que la valeur minimum de 1,20 a été imposée au change entre l’euro et le franc suisse, la paire n’est pas remontée. Mais si la dépréciation de l’euro devait se poursuivre, ou s’accélérer à cause d’un choc (une sortie de la Grèce de la zone euro, par exemple), la BNS s’expose à devoir accélérer ses achats d’euros. Le risque de déflation pourrait donc alors rapidement se transformer en risque d’inflation.
Lydie Berget