C’est fait ! La BCE a donc décidé de racheter des prêts titrisés européens pour relancer le crédit et la croissance au sein de la zone euro. Néanmoins, l’acteur central du bloc européen, l’Allemagne, voit d’un très mauvais œil cette pratique. En effet, la banque centrale allemande (ou « Bundesbank ») et plusieurs alliés conservateurs d’Angela Merkel ont publiquement désapprouvé cette décision. Suite à notre analyse du mois dernier, où nous expliquions que la BCE avait décidé d’agir sans tenir compte de l’avis allemand, une fois n’étant pas coutume, nous poursuivons ici le développement de notre point de vue, via les dernières informations. Ainsi, jeudi 2 octobre, lors de sa dernière conférence post-réunion de politique monétaire, la BCE a développé son intention d’acheter ces fameux « ABS ».
Et ce, dès le quatrième trimestre 2014. Au sein de ces ABS européens, autrement dit de ces actifs titrisés, nous retrouvons bien entendu des actifs grecs et chypriotes. De quoi donner le vertige à Berlin (pour ne pas dire plus). Les deux pays voient depuis plusieurs années leurs actifs évoluer dans la catégorie « junk », autrement dit hautement spéculative. Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a récemment qualifié ces actifs comme des titres de « basse qualité ». Qui plus est, ils seraient rachetés au prix fort par la BCE afin de soutenir l’économie toujours aussi fragile de ces pays dits « périphériques » de la zone euro. Le banquier central allemand est allé plus loin médiatiquement en déclarant : « Les risques de crédit pris par les banques privées vont être transférés à la banque centrale et donc au contribuable sans qu’ils n’aient rien en retour […] Cela va à l’encontre du principe de responsabilité qui est fondamental dans l’économie de marché : celui qui tire un bénéfice de quelque chose doit en assumer la perte s’il y a un développement négatif ».
Par ailleurs, Berlin se montre très critique quant à la dévaluation progressive de l’euro face au dollar américain, précisant qu’aucun acteur mondial ne peut sortir vainqueur sur le moyen/long terme d’une guerre des monnaies. Toutes les parties engagées devenant, de facto, perdantes. Qui plus est, au moment où la Fed (la banque centrale américaine) normalise sa politique monétaire, la BCE ne cesse d’accentuer le caractère agressif de la sienne tant le péril semble imminent, en ayant notamment recours à des outils non-conventionnels (et fortement décriés par Berlin). Cet écart accentue la lente mais certaine baisse de la parité EURUSD que nous présentons depuis plusieurs mois dans nos analyses : qu’il s’agisse de celles dédiées à Café de la Bourse ou de nos contenus quotidiens.
En guise de conclusion, reprenons les récents mots d’Hans Michelbach, l’un des plus proches collaborateurs politiques d’Angela Merkel : « Mario Draghi est en train de transformer la BCE en une banque pourrie (ou « junk bank ») via ses rachats de dettes spéculatives ». Soyons donc certains d’une chose : le bras de fer entre Berlin et Francfort ne fait que commencer ! La banque centrale européenne est ainsi accusée d’avoir facilement cédé aux exigences des pays en détresse au sein de la zone euro, et en première ligne à Paris. Ainsi, nous nous inscrivons dans la continuité via cette nouvelle analyse et nous vous invitons à aller plus en profondeur quant à ce dossier explosif : ce fameux écart de politiques monétaires entre la Fed et la BCE. Mais pour l’heure, nous présentons ici nos nouveaux objectifs baissiers pour la parité-reine. Rappelons que nos précédentes cibles ont été atteintes et même, dépassées.
Analyse Technique EURUSD
Comme anticipé lors de nos précédentes analyses, la parité EURUSD poursuit sa baisse en respectant nos principaux objectifs. Cette baisse est d’autant plus forte qu’elle coïncide avec l’écart de plus en plus violent entre la normalisation de la politique monétaire de la Fed et l’aspect de plus en plus agressif de celle de la BCE. L’évolution entre nos captures d’écran de l’analyse de septembre et celle de ce mois-ci, donc actualisée, est frappante. Ainsi, après avoir respecté la rupture anticipée des 61,8% de Retracement de Fibonacci (en timeframe hebdomadaire), nous semblons nous être arrêtés (de manière extrêmement précise) sur le Retracement de 78,6%. Ce n’est pas un hasard.
Le rebond actuel est un signal qui est loin d’être anodin. Le marché a besoin de respirer, de reprendre son souffle : les opérateurs encaissent massivement leurs bénéfices sur la parité-reine. Il convient donc de surveiller de près jusqu’où le rebond aura lieu (pourquoi pas le retracement, à nouveau, des 61,8% à 1,2800 ?). Toujours est-il que ce petit rebond ne remet en rien l’écart économique de plus en plus violent entre les deux partenaires atlantiques. Profitons de cette consolidation pour viser à nouveau les 78,6% de Retracement, distingués à 1,2500. Au moment de l’écriture de cette analyse (et comme le montre notre capture d’écran), cela représente un potentiel de gain de près de 130 pips.
Nous recommandons donc de « shorter » l’actif dès qu’une mauvaise donnée européenne (ou dès qu’une bonne donnée américaine) est divulguée. Tout en gardant à l’esprit que la probabilité de retour sur les 1,2500 est très forte. Mais ce n’est qu’un amuse-bouche. Une fois ce support crucial rompu, la voie sera tracée pour les 1,2100 (le niveau des 100% de Retracement de Fibo). Néanmoins, entre 78,6% et 100%, de petites pauses consolidatrices et momentanées ne sont pas à exclure.
En somme, nous recommandons de shorter ponctuellement (et selon l’actualité) EURUSD jusqu’à revenir sur 1,2500. Dès lors, il conviendra de sortir du marché et de retourner massivement à la vente une fois ce support rompu.
Volumes & moyennes mobiles
Puisque le volume est une variable clé de l’analyse technique, il est légitime de se demander à partir de quel niveau on doit le juger suffisant pour valider le franchissement d’un seuil graphique. La réponse à cette question peut se trouver dans l’utilisation d’une moyenne mobile appliquée à la courbe des volumes. On devine ainsi toute l’utilité de ce procédé qui permet de déceler avec beaucoup plus de précision toute variation non habituelle des volumes des échanges. La moyenne mobile simple à 20 périodes est l’un des meilleurs exemples, du moins l’un des plus appliqués. Si le franchissement du seuil graphique se fait avec un niveau de volume inférieur à la moyenne mobile des 20 dernières séances, le signal devra être rejeté, alors que s’il est au-dessus, le signal sera jugé comme beaucoup plus fiable.
En parallèle de ces trois parties sur les volumes et les moyennes mobiles, nous souhaitons apporter ici une petite annexe en présentant le « cycle » des volumes. Tout d’abord, les hausses et les baisses ne sont pas égales lorsqu’elles sont exprimées en pourcentage. Un titre qui a fait -50% dans un premier temps devra faire +100% par la suite pour revenir à son cours initial. Logique. Or, comme les investisseurs raisonnent en variations relatives, il n’y a pas de raison que leur comportement soit identique dans un marché haussier ou baissier. En ce qui concerne au moins les actions (et par extension les indices boursiers comme le CAC40, le DAX30, le Dow Jones etc…), la durée des tendances haussières est habituellement plus importante que celle des tendances baissières. Ne faut-il pas toujours plus de temps pour construire que pour détruire ?
La peur n’est-elle pas une émotion plus contagieuse et plus destructrice que l’euphorie ? C’est un fait avéré : depuis 1900, la durée des mouvements de hausse sur le Dow Jones est en moyenne 69% plus importante que la durée des vagues baissières, tandis que la vitesse moyenne d’un mouvement de baisse est deux fois supérieure à celle d’une vague haussière. Si le comportement des investisseurs n’est pas le même dans les mouvements haussiers et baissiers, cela ne peut-il pas se traduire par une dissymétrie dans l’évolution des volumes, selon que la tendance est haussière ou baissière ? Pour répondre à cette question, présentons l’exemple du CAC40 sur la période 2003/2009. Il s’agit assurément d’une période intéressante dans la mesure où elle englobe un cycle de marché complet (bull et bear market). Cet exemple permettra de jeter les bases de l’interprétation de l’évolution des volumes de transactions au sein d’un cycle boursier.
De novembre 2005 à février 2006, l’indice CAC40 a progressé de 11% et le coefficient de corrélation avec les volumes est ressorti significativement positif à +45% : les volumes ont bel et bien accompagné la tendance. Entre janvier et février 2009, alors que le CAC40 a chuté de -22%, le coefficient de corrélation avec les volumes échangés au cours de cette période a atteint +47% ; là également, la tendance baissière s’est accompagnée d’un mouvement de même sens sur le prix. Par contre, de novembre 2006 à février 2007 et entre décembre 2007 et janvier 2008, le principe selon lequel le volume doit accompagner la tendance n’a pas fonctionné. Dans le premier cas, l’indice a progressé de 6% tandis que le coefficient de corrélation est ressorti négatif à -41% : les prix et les volumes ont divergé. Même constat pour la deuxième période. Alors que les prix ont chuté de -12%, la liaison avec les volumes fait ressortir une corrélation de -44% : là encore, les prix et les volumes ont divergé, les premiers baissant tandis que les seconds augmentaient.
Ce n’est pas pour autant qu’il faut considérer ces deux derniers exemples comme des exceptions qui confirmeraient la règle. Bien au contraire ; aussi, pour mieux comprendre ces différentes configurations, et notamment les raisons pour lesquelles l’évolution des volumes est différente dans un marché en hausse et un marché en baisse, il est judicieux de faire intervenir certains comportements d’investisseurs mis en évidence par la finance comportementale.
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