Parmi le florilège d’indicateurs techniques utiles au trader, la suite de Fibonacci et les vagues d’Elliott peuvent être associées pour une lecture efficace du marché.
Quelle utilité revêt la suite de Fibonacci dans le trading ?
Fibonacci est un mathématicien du XIIIe siècle qui a défini une suite de nombres entiers telle que chaque chiffre est le résultat de l’addition des deux chiffres précédents. On obtient donc la suite suivante : 0, 1 (1+0=1), 2 (1+1=2), 3 (2+1=3), 5 (3+2=5), 8 (5+3=8), etc. Plus que la suite de chiffres, ce sont les ratios qui lient les nombres entre eux qui sont importants : entre 1 et 2, le ratio est de 50 %. Ensuite, chaque nombre entier représente 61,8 % du nombre entier supérieur. Ces ratios sont utilisés dans de nombreux domaines : art, architecture, finance. Sur les marchés financiers, on applique ces proportions constantes à l’évolution des cours sur un graphique de prix.
Quel intérêt existe-t-il à associer cette théorie à celle des vagues d’Elliott ?
La théorie des vagues d’Elliott – du nom de son inventeur Ralph Nelson Elliott – montre que l’évolution des cours de Bourse n’est pas totalement aléatoire et suit une évolution par vagues. Une figure complète comprend cinq vagues dont 3 à la hausse et deux correctives. Elle s’étend sur une période de temps indéterminée, contrairement aux figures des autres théories cycliques. Ces vagues sont liées entre elles par des proportions de marché elles-mêmes liées aux ratios de Fibonacci. Ainsi, ces ratios permettent de prévoir l’amplitude de la vague suivante – la vague v est égale à 61,8 % la vague v+1 – alors que les vagues d’Elliott, qui suivent toujours le même schéma, nous donnent une indication de direction. Par exemple, la vague n°3 n’est jamais la plus courte, mais souvent la plus ample.
La théorie des vagues d’Elliott appliquée aux marchés financiers est décriée pour sa dimension simpliste. Comment l’utilisez-vous ?
Les puristes de cette analyse considèrent que la théorie se suffit à elle-même. Ils ne tiennent absolument pas compte du contexte macroéconomique et financier. Cette vision est, à mon sens, effectivement simpliste. Les vagues d’Elliott peuvent s’avérer utiles, mais seulement en complément d’autres indicateurs techniques et d’une analyse macroéconomique.
Ces deux théories visent à faciliter l’anticipation des marchés. Pouvez-vous nous présenter un exemple concret qui permette d’anticiper une situation de marché ?
L’approche fractale permet en effet de concevoir des modèles d’évolution des prix et d’établir des prévisions boursières en termes d’objectifs de cours. Je prendrai l’exemple de la paire dollar/yen, pour laquelle la théorie des vagues d’Elliott me paraît s’appliquer parfaitement dans le contexte actuel. C’est, en effet, l’observation des graphiques de prix qui peut révéler la présence d’un schéma de type vagues d’Elliott. Les autres paires de devises ne présentent pas la même configuration graphique à l’heure actuelle.
Les paires en yens sont difficiles à trader depuis plusieurs semaines, tant l’incertitude est forte sur les perspectives de politique budgétaire et de politique monétaire au Japon. Pourtant, je continue de croire que la paire dollar/yen pourrait nous surprendre à long terme avec un nouveau test du niveau des 103 yens.
Le seuil des 99 yens détient la clef de l’évolution future des cours, c’est le seuil d’activation d’une hausse vers 100 yens, puis 103 yens à moyen terme.
Voici une hypothèse de décompte fractale pour la paire dollar/yen. Les principaux facteurs fondateurs de la théorie des vagues d’Elliott se retrouvent dans ce décompte, un décompte qui sera actif si la barre des 99 yens est franchie. Ce scénario serait cependant invalidé sous le support à 97 yens, avec une baisse des cours à prévoir vers 93 yens.
USD/JPY- chandeliers hebdomadaires
Voici les facteurs propres aux vagues d’Elliott que l’on retrouve ci-dessus :
La vague 3 est la plus importante des vagues d’impulsion, elle est souvent la plus ample, jamais la plus courte dans tous les cas de figure. Elle représente le cœur du marché haussier, durant lequel les suiveurs ouvrent des positions acheteuses et où la part du consensus haussier augmente significativement. Il s’agit de la phase de marché pour laquelle la maturité est principalement liée à la dynamique. La vague 3 est ici en extension, décomposée en 9 sous-vagues.
La vague 4 forme un triangle, structure complexe pour une vague de consolidation, principe d’alternance vérifié par rapport à la vague 2 classique en zig-zag. La vague 4 a retracé 38,2 % de la vague 3, ce qui correspond à un ratio de retracement usuel.
Le triangle est une vague de correction qui se développe très souvent en vague 4. Il s’agit de l’unique séquence de correction qui se réalise en cinq temps. Les cinq vagues à l’intérieur du triangle sont liées entre elles par des proportions bien définies. On retrouve un ratio très fréquent : le 0,764.
Conclusion : si le marché franchit 99 yens – à horizon fin 2013 au plus tard – le décompte ci-dessus sera juste. Si le marché casse 97, le décompte sera faux, avec un retour vers 93 yens.
En résumé, la théorie des vagues d’Elliott peut s’avérer utile, mais il faut la manier avec beaucoup de précaution. Les proportions issues de la suite de Fibonacci s’appliquent avec davantage de certitude.
Propos recueillis par Nadège Bénard