Le Yuan, appelé aussi le Reminbi (RMB), est la devise nationale chinoise. Il a été indexé au dollar jusqu’en 1994 ; un régime de change flottant a ensuite été adopté.
Ce système était alors modéré par la Banque Centrale de Chine, qui rectifiait à plus ou moins 0,3% la marge de flottement en fonction de la situation économique ; c’est ainsi qu’en 1997, elle a réduit la marge de flottement du yuan pour juguler la crise asiatique. Ce flottement contrôlé permet au pays de rester maître de sa devise et de modifier sa politique économique à sa guise.
A partir de juillet 2005, le gouvernement chinois a choisi d’indexer le yuan à un panier de devises de référence et suite aux pressions répétées du Congrès Américain, la devise à été réévaluée de 2,1% par rapport au dollar.
Ce régime de change a été revu en juillet 2008 ; le yuan a été de nouveau indexé sur le dollar à parité fixe, afin d’amortir l’impact de la crise financière mondiale et soutenir les entreprises chinoises dans la crise.
Le 19 juin 2010, la Banque centrale a pris la décision de laisser le Yuan évolue plus librement y compris à la baisse. Le taux de change devrait donc progressivement être assoupli, dans une moindre mesure. Malgré les pressions internationales, particulièrement de la part de l’Europe et des Etats-Unis, la Banque de Chine continue de restreindre la réévaluation de la monnaie nationale.
Le yuan chroniquement sous-évalué
La question de la sous-évaluation du yuan est un sujet historiquement sensible. Les taux de changes réels des devises asiatiques sont les plus bas du monde malgré le rythme de croissance de certains d’entre eux, et sont encore plus faibles que la plupart des devises africaines. On estime que la devise chinoise est sous-évaluée de 20 à 25% et sa valeur d’équilibre se situerait à 1 dollar pour 3 ou 4 yuans !
La Chine maintient sa devise bas en achetant massivement des dollars et autres devises internationales de référence depuis 2003, ce qui empêche l’appréciation de sa propre monnaie. En conséquence, sa réserve de change en devises et particulièrement en dollar est considérable : 60% du stock des réserves de la Banque de Chine seraient composés de bons du trésor et place le pays en tant que détenteur n°1 de bons du Trésor américains.
La première réserve de change du monde
La Chine détient les premières réserves de change au monde, soit 2 447 milliards de dollars fin mars 2010. Ce volume permet à la Banque de Chine d’intervenir sur les marchés si la pression vendeuse ou acheteuse devient trop importante. Ce qui fait que toute décision de la Chine peut influencer les marchés de capitaux internationaux.
Pourquoi la Chine maintient-elle le yuan sous-évalué ?
Les industries chinoises, de par leur faible coût, sont protégées de la concurrence extérieure dans divers domaines qui font la force de l’économie chinoise, comme le textile à bas prix, la sidérurgie ou les chantiers navals
Avantage monétaire absolu : les faibles coûts de production (et de main d’œuvre) rend les produits fabriqués en Chine extrêmement peu chers, ce qui attire les pays importateurs
Cela favorise les exportateurs chinois en attirant par ses coûts bas les investissements étrangers et les entreprises locales qui s’implantent dans le pays pour assembler des produits d’exportation bon marché.
Maintenir le yuan bas est un moyen pour la Chine d’accumuler d’énormes réserves de change, de pérenniser sa croissance exponentielle et ainsi enrichir le pays.
En revanche, ce mécanisme contribue à creuser le déficit commercial des pays importateurs, qui s’endettent toujours plus.
Les conséquences d’une éventuelle réévaluation du yuan
Si la situation économique actuelle de la Chine souffre de craintes inflationnistes et de bulles spéculatives, une réévaluation du yuan est à mesurer car elle pourrait avoir des conséquences lourdes sur l’économie mondiale.
Aux Etats-Unis, compte tenu du volume de bons détenus dans la Réserve chinoise, une modification du mécanisme de taux de change pourrait causer une perte de financement importante de l’économie américaine.
Dans le reste du monde : les pays exportateurs concurrents de la Chine, comme le Pakistan, le Bangladesh, l’Inde ou encore l’île Maurice, profiteraient de la réévaluation du yuan.
En Chine, le FMI a mis en garde contre cet excès de réserves : le bas taux de change réel du yuan favorise la volatilité du marché des changes, car la sous-évaluation de la monnaie attire les spéculateurs.
Bourse chinoise et crise de la dette en Europe
Avec la crise actuelle en Europe, la force du Yuan rend le prix à l’exportation de produits chinois moins compétitif.
Sur les quatre premiers mois de 2010, le renminbi s’est apprécié de 14,5 % par rapport à l’euro. Un euro vaut actuellement environ 8,36 yuans.
L’avenir du yuan
Compte tenu de la place de la Chine dans le monde, il est difficile d’imaginer que sa monnaie ne sera pas réévaluée dans les semestres à venir. Actuellement troisième économie mondiale, la Chine pourrait bien dépasser le Japon dès 2010.
Si la Chine ouvre ses marchés financiers, notamment son marché obligataire, il est probable que le yuan devienne la cinquième monnaie mondiale d’ici à 2020. Le yuan pourrait alors devenir la devise de référence dans le commerce entre pays asiatiques.
La corrélation entre yuan et dollar
On estime que les trois quarts des réserves de la Banque de Chine sont composés de bons du Trésor américains. Une chute de la devise américaine réduirait la valeur du portefeuille d’actifs américains que détient la Chine. D’autant plus que si la Chine diversifie ses réserves, elle n’envisage en aucun cas de remplacer les bons du Trésor américain par de l’or.
De plus, les représentants chinois rappellent que l’indexation du yuan sur le dollar est une situation temporaire qui prendra fin dès que la reprise des exportations sera consolidée. Alors, les autorités chinoises procéderont stratégiquement à une réévaluation graduelle, afin de laisser le temps aux entreprises locales de s’ajuster.