Alors que la production pétrolière affiche des records, les cours n’en finissent plus de grimper. Les difficultés macro-économiques potentielles ne parviennent pas à freiner la hausse des cours. Le point sur les éléments qui pourraient prochainement impacter le prix du baril et notre analyse technique.
Pétrole : la production mondiale de l’hydrocarbure explose
C’est une première historique. Le mois d’août 2018 a été marqué par une production de pétrole inédite au niveau mondial. Plus précisément, le cap symbolique des 100 millions de barils produits quotidiennement a été franchi, à en croire l’AIE : l’Agence Internationale de l’Energie. Les accords de la COP21 validés en décembre 2015 à Paris semblent bien loin ! Les États-Unis figurent parmi les principaux responsables de cet état de fait, grâce à leur production pétrolière issue des gisements de schistes, en particulier au Texas. Toujours lors du mois d’août, le pays a surpassé l’Arabie Saoudite et la Russie, devenant le premier producteur d’or noir au niveau mondial, en frôlant les 11 millions de barils produits chaque jour. Cette tendance devrait perdurer l’an prochain puisque l’EIA (l’agence américaine d’information sur l’énergie) table pour 2019 sur une production nationale atteignant les 11,5 millions de barils.
Ce dimanche 23 septembre, les pays membres de l’OPEP se réunissent à Alger. En août, le cartel produisait près de 33 millions de barils par jour, couvrant donc un tiers de la production mondiale (+278 000 barils par rapport à juillet). Contrairement à ce que l’on pourrait intuitivement penser, les membres de l’organisation ne fournissent pas l’essentiel des besoins mondiaux. Malgré tout, il est toujours intéressant de suivre leurs décisions, tant leurs conséquences sur les prix de l’or noir restent importantes. Suite aux restrictions que s’était imposées le cartel, les différents membres ont nettement rehaussé leurs productions ces derniers mois. Et ce, alors que la demande mondiale se porte relativement bien, en particulier grâce aux grands émergents comme la Chine ou l’Inde. L’OPEP table d’ailleurs sur une hausse de la demande mondiale d’1,62 million de barils par jour pour atteindre 98,82 mbj cette année. En l’occurrence, cette attente est légèrement inférieure aux précédentes, du fait d’un ralentissement en Amérique latine et au Moyen-Orient.
Pétrole : la guerre commerciale comme épée de Damoclès
La grande inconnue est la guerre commerciale menée par Donald Trump. Et pour cause, ces dernières semaines ont été marquées sur les marchés financiers par le rehaussement des frais de douane américains sur certaines importations chinoises. L’escalade dans ce conflit semble loin d’être terminée. Washington avait ouvert le bal des hostilités en août, en portant à 25 % ces frais sur un total de 50 milliards de dollars de produits chinois. Pékin avait riposté dans les mêmes proportions sur certaines importations américaines. Mais surtout, cette semaine pourrait être marquée par l’annonce de l’administration américaine visant à mettre en place des tarifs douaniers équivalents sur 200 milliards de dollars supplémentaires de marchandises. Des observateurs plus optimistes comme le Wall Street Journal évoquent un taux de 10 %. Ce qui devrait surtout interpeller les investisseurs est la possible réaction de Pékin.
Il ne s’agirait plus seulement de mettre en place une riposte symétrique mais au contraire de s’attaquer aux chaînes de fabrication américaines en limitant les ventes de pièces détachées et autres fournitures utilisées par les entreprises de l’Oncle Sam. Quel est le rapport avec l’or noir ? Selon plusieurs estimations, le commerce mondial serait ralenti de 0,5 % pour chaque tranche de 100 milliards de dollars d’importations visée par ces différents tacles douaniers. Les banques centrales américaine et européenne se sont, parmi d’autres grandes institutions, montrées ces dernières semaines inquiètes quant à cette guerre entre mastodontes commerciaux. Et naturellement, les investisseurs ont provoqué plusieurs vagues baissières sur les prix de l’or noir, à chaque nouveau sursaut de ces tensions. Pour l’heure, cette épée de Damoclès ne semble pas remettre en cause l’élan haussier des prix de l’or noir, entamé en janvier 2016.
Évoquons enfin l’autre risque à moyen terme pour le secteur : les difficultés économiques rencontrées par certains émergents, comme l’Argentine ou la Turquie. La Bank of America n’anticipe pas de baisse des prix de l’or noir à en croire sa dernière analyse sur le sujet, malgré cette crainte légitime. La banque estime que la demande des émergents pourrait se réduire de 100 000 à 300 000 barils par jour, largement contrebalancée par les reculs de l’offre au Venezuela et en Iran (frappés de plein fouet par les sanctions internationales, pour ne pas dire américaines). Pour conclure cette partie, je citerai simplement la même source qui mentionne : “Nous ne voyons aucun risque imminent d’une vaste crise des émergents, à moins que la guerre tarifaire de Trump ne dégénère brusquement. Les prix du pétrole devraient grimper en 2019”. Passons donc à la partie technique.
Analyse de l’or noir : les cours du pétrole toujours en hausse
Graphique du Brent (Heikin Ashi) en unité de temps hebdomadaire
Malgré les craintes autour de la guerre commerciale et les difficultés des émergents, l’élan haussier sur le Brent ne se dément pas : le baril a frôlé à plusieurs reprises ces derniers jours la valeur symbolique de 80,00$ (une première depuis décembre 2014). Trois niveaux de résistance focalisent donc l’attention des investisseurs. Tout d’abord et bien évidemment, la valeur de 80,00$. Suivie par les 82$ : soit les 61,8% de Retracement de Fibonacci déterminés entre le plus haut de juin 2014 et le plus bas de janvier 2016. Citons enfin un deuxième niveau psychologique (les investisseurs y attachent beaucoup d’importance sur le baril) via les 85,00$ l’unité. Par précaution, j’ai tendance à viser des seuils de 20 à 30 centimes/baril inférieurs pour définir mes Take Profit. L’ensemble du mouvement haussier des derniers mois a été délimité par le canal ascendant présenté sur le graphique ci-dessus. Un retour à proximité du support oblique constituerait donc un bon point de rachat, tant que la première résistance évoquée n’est pas rompue. Un autre point majeur de rachat étant distingué sur les 50,0% de Retracement (71,50$). Justement, de tels reculs pourraient être justifiés par l’escalade des tensions sino-américaines à court terme. C’est pourquoi, j’attendrai tout de même les développements imminents sur le dossier avant d’entrer en position.
Dorian Abadie
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