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Focus sur le métier de trader compte propre

Focus sur le métier de trader compte propre

Découvrez le parcours, l’expérience et le métier de trader compte propre dans cette interview. Café du Trading vous invite à plonger dans l’univers de la finance et du trading en interrogeant les hommes et les femmes qui y travaillent au quotidien.

Ce mois-ci, découvrez l’interview de Bernard Prats-Desclaux qui revient sur son activité, sur ce qui l’a poussé à faire le métier de trader compte propre, ainsi que sur l’événement le plus marquant de sa carrière. Il nous dévoilera aussi ses indicateurs favoris, son sentiment de marché actuel et les conseils qu’il donnerait à un investisseur particulier souhaitant se lancer dans le trading.

Quel est votre métier et qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir trader compte propre ?

Après des études commerciales et financières à la Montpellier Business School, j’ai choisi de devenir trader compte propre.

Sans ressources financières, ni héritage, j’ai d’abord créé une petite entreprise. Puis rapidement, j’ai plongé dans le trading à une époque où avoir un compte sur les « Futures » relevait de l’exploit – et où les informations pour le trading de contrats à terme n’existaient pratiquement pas !

J’ai toujours voulu devenir trader. Au risque de choquer, je dois dire que ce n’était pas par goût de l’argent, mais par envie de comprendre les mécanismes boursiers. L’argent a toujours été une conséquence, mais jamais un objectif en soi.

D’ailleurs, si l’argent avait été mon seul objectif, j’aurais arpenté les cabinets de recrutement pour travailler en salle de marchés, plutôt que de tenter l’aventure totalement folle (quand j’y repense aujourd’hui) de devenir trader compte propre.

Lire aussi notre article Quel est votre style de trading ?

Quel est l’événement le plus marquant dans votre parcours de trader ?

Incontestablement : mon recrutement en tant que trader dans un Hedge Fund, puis mon accession rapide à la direction de ce même fonds.

J’ai été recruté sur la base de mes résultats de trading à un moment où je commençais à envisager la création de mon propre fonds. C’est un ami que j’avais gracieusement formé au trading, et qui s’était fait recruter par ce fonds, qui a fortement insisté pour que je le rejoigne dans l’équipe.

J’y suis d’abord allé à reculons, car je pensais perdre mon indépendance de trader pour compte propre si chèrement acquise, mais j’ai rapidement compris que je me trompais. Il fallut seulement gérer de nouvelles contraintes dans un premier temps avant de rapidement retrouver ma liberté.

En ce qui concerne les contraintes, il faut savoir que le métier de trader professionnel dans un Hedge Fund est beaucoup plus exigeant et difficile que celui de trader compte propre, contrairement à ce que pensent la plupart des boursicoteurs. D’autant plus que j’avais opté pour une rémunération à la performance uniquement. Ce qui devrait, selon moi, être une règle dans ce métier. Il est trop facile de jouer avec l’argent des autres, quand on reçoit un salaire fixe tous les mois plus des bonus de performance tous les ans.

La pression est donc beaucoup plus forte lorsqu’on trade dans un fonds, car il y a :

  • La pression des montants sous gestion,
  • La pression du management (hiérarchie),
  • La pression de la clientèle (investisseurs).

Bref, c’est une pression à tous les étages. Il vaut mieux aimer les défis !

Ensuite, comme j’ai rapidement pris la direction du fonds, j’ai pu retrouver rapidement ma liberté, notamment au niveau du choix des actifs à gérer, des stratégies à appliquer, etc.

Quelle est votre approche pour trader les marchés financiers ?

J’ai une approche essentiellement basée sur l’analyse technique, même si durant de très longues années, je me suis senti d’abord trader avant d’être un chartiste. Et je fais encore la différence entre l’analyste financier, bien au chaud derrière ses convictions qui ne lui coûtent rien, et le trader qui pose l’argent sur la table pour savoir si son scénario technique est le bon ou pas.

Avec le temps, je suis resté un trader avant tout, mais je suis aussi devenu un meilleur analyste, car l’écriture de mon premier livre il y a près de 15 ans m’a obligé à « mettre de l’ordre dans mes idées de trading ».

Aujourd’hui, je ne peux pas concevoir le métier de trader compte propre en dehors d’une approche globale, qui comprend d’abord tout ce qui touche au trading (la gestion du risque et le mental du trader en premier lieu), puis l’analyse technique, et ensuite l’analyse fondamentale, sans oublier l’approche macroéconomique et micro-économique.

Enfin, je porte une attention particulière à l’analyse et à la finance comportementale, qui est un sujet passionnant permettant de mieux comprendre certaines réactions des marchés.

Quel est votre indicateur préféré ?




Mon indicateur préféré ? Au fil des années, j’ai essayé, testé et tradé à peu près tout ce qui existe sur le marché en termes d’indicateurs. On dit souvent que l’on ne s’améliore que lorsque l’on simplifie son approche.

Je ne sais pas si c’est vrai, mais il est certain que depuis une dizaine d’années, tout mon travail tend vers la simplification des analyses avec une réduction des informations sur mes écrans de trading, puisque je considère que tout est dans le prix.

J’en suis finalement venu à m’amuser à créer des indicateurs (plus simples) qui correspondaient davantage à ce que je voulais : à savoir non pas des indicateurs exclusivement tournés vers les cours de bourse, mais des indicateurs ayant l’objectif de canaliser psychologiquement les traders impatients.

Tout le monde, avec un peu de métier et d’expérience, sait que la réussite en trading passe nécessairement par la maîtrise de son mental et de sa psychologie. Un seul indicateur, même le meilleur, ne rendra pas un trader plus patient, plus calme et plus sûr de lui.

Pourtant, mes indicateurs GTAS essayent de rendre ce trader impatient ou indiscipliné, plus patient et plus discipliné, tout en apportant de la clarté aux mouvements des prix.

Quels sont les produits financiers que vous tradez le plus ?




Je suis essentiellement un trader de contrats Futures et d’Options sur Indices.

Depuis quelques années, j’ai ajouté les investissements à moyen terme sur les actions dans le panel de mes activités, en raison d’un besoin de retrouver une certaine « dose de réalité ».

Quand j’achète des actions, je les connais et je n’achèterai jamais des actions qui vont à l’encontre de ma philosophie de vie. Là aussi, certains seront sûrement choqués, mais je n’ai pas acquis ma liberté voilà déjà plusieurs années pour rien.

Quel est votre sentiment sur le marché actuel ?




Depuis le 6 janvier 2022, j’ai un sentiment baissier à long terme, un sentiment que j’ai partagé lors d’un « live » avec mes abonnés.

Le scepticisme régnait puisque beaucoup d’analystes prévoyaient à ce moment une reprise de la tendance haussière et la fin de la crise Covid, alors que je pensais que l’on allait rentrer dans un marché heurté et baissier pour plusieurs trimestres.

Actuellement, les marchés rebondissent fortement et c’est assez classique sur des marchés baissiers de long terme. En même temps que ce rebond, l’optimisme revient depuis quelques jours avec l’attente d’un retour sur les sommets du marché.

Pourtant, à moins d’avoir une résolution sur les problèmes de la guerre en Ukraine, de l’inflation et de la politique de Zéro Covid en Chine… Revoir les sommets avant plusieurs années me semble peu probable, car ce sont trois problématiques lourdes et difficiles à résoudre.

J’ajouterai aussi la politique de taux de la FED (liée à l’inflation), la crise immobilière en Chine… et beaucoup de permabears qui se réjouissent de la baisse des marchés, faisant un tabac sur les réseaux sociaux en prophétisant la fin du monde.

Personnellement, même si mon sentiment est baissier, je n’ai pas envie de créer de la peur, je reste factuel. Après tout, c’est mon métier de gérer les émotions plutôt que d’attiser les peurs.

Maintenant, je suis trader, pas analyste, ni économiste… Je paye donc pour mes idées. Ensuite, le marché me récompense ou il me punit. Tant que le marché valide le fait que vendre les rebonds sur des signaux précis, je continuerai à appliquer cette stratégie et suivre de scénario. Si demain, le marché m’explique que j’ai tort, j’en tirerai les conséquences et j’adapterai mon point de vue.

Quel est le conseil le plus important que vous donneriez à un trader débutant ?




La patience : il en faut beaucoup pour réussir dans le métier de trader compte propre. Vouloir aller trop vite et brûler les étapes n’est pas une bonne idée. Bien sûr, vous trouverez toujours quelqu’un qui raconte avoir gagné en allant vite, mais comme au loto, il y a sûrement un important facteur de chance. Pour gagner réellement et dans la durée, il faut se former et prendre le temps d’apprendre.

La résilience : il en faut aussi pour réussir. Il faut se forcer à accepter que l’échec dans votre parcours de trader n’est pas une option. Il faudra persévérer et se relever de chacune de ses chutes.

La gestion des frustrations : le trading est l’École de la frustration, que ce soit en raison d’un trade pas pris, d’un trade mal pris, d’une sortie trop rapide, d’une sortie trop lente, d’une entrée ratée, etc. On peut se bloquer sur tout ce qui va mal ou on peut décider de construire sa stratégie, d’avancer pas à pas, en supprimant nos défauts rédhibitoires et en consolidant nos qualités.

Ce qui est certain, c’est que je souhaite à tout le monde de réussir sur les marchés. Tout le monde le peut, à condition de s’en donner les moyens.

Le trading est un formidable chemin de vie. Là aussi, certains vont être surpris, mais j’en discutais encore la semaine dernière avec un élève trader qui me le disait après plusieurs trimestres à mes côtés voir que le trading était bien un chemin de vie, une formidable introspection personnelle.

Un dernier conseil : restez zen et concentrez-vous sur vos actions et votre comportement, jamais sur votre cible.

Bon trading à toutes et à tous !

Source des images : Freepik

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