Vous avez sans doute entendu parler de AMC ou GameStop, ces 2 titres ont réalisé des hausses de plusieurs centaines de pourcents en très peu de temps et ils sont l’exemple même de l’impact d’un « Short Squeeze ». Ces deux événements survenus en 2021 ont permis de faire connaître cette thématique à plus grande échelle car les scandales qui y ont été associés ont touché le grand public (voir photo google trend). Ce phénomène est finalement plus connu sous le nom de « Short Squeeze ».
Source : Google trend
Nous allons donc en profiter pour expliquer ce qu’est un short squeeze. Quels sont les acteurs en présence ? À quoi est-ce dû ? Comment l’investisseur particulier peut en tirer parti ?
Qu’est-ce qu’un Short Squeeze ?
Déjà commençons par rappeler les deux possibilités de prise de position sur les marchés :
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- on est LONG lorsqu’on pense que le titre va monter (achat titres) ;
- on est SHORT lorsqu’on pense que le titre va baisser (vente à découvert du titre).
Le principe de vente à découvert
Le principe de vente à découvert ou « short » est un concept parfois difficile à comprendre puisque ce n’est pas quelque chose de naturel sur les marchés. Oui, comment peut-on vendre un titre que l’on ne détient pas ? C’est très simple, nous allons emprunter ces titres au courtier en Bourse afin de pouvoir les vendre et donc miser à la baisse.
C’est une pratique bien plus courante chez les Hedge Funds ou chez certains gérant de fonds que chez les investisseurs particuliers. En effet, la vente à découvert demande une marge assez importante pour couvrir les risques et donc un capital important. L’autre point important qui peut freiner les investisseurs particuliers, c’est le fait que la hausse d’un titre peut être illimitée. Vendre à découvert ou être « short » peut donc engendrer un risque de perte illimitée.
Le niveau de short
Le « Short Squeeze » est donc une pression exercée sur les positions de vente à découvert par les acheteurs pour les forcer à racheter la position dite « Short ». Comme l’expression anglaise le dit bien : « Squeeze » = presser/écraser, une force pousse les vendeurs au pied du mur jusqu’à ce qu’ils n’aient plus le choix.
La façon la plus simple de déterminer si un titre à un haut niveau de « short » est par la métrique « short interest » ou « short float » qui met en avant le pourcentage de « short » sur le nombre d’actions en circulation. C’est une information qui n’est pas facile d’avoir à jour à l’instant T mais cela permet d’avoir une idée. Vous pouvez par exemple trouver ce genre d’informations sur le site Finviz pour les actions US.
Exemple du niveau de short sur différentes actions US sur le site Finviz
Source : FINVIZ
Comment un haut niveau de short interest impacte un titre ?
Si l’on reprend l’exemple de GameStop ou AMC, il y avait un pourcentage élevé de Hedge Funds positionné « short » sur le titre. Dans ce genre de situation, si le titre commence à subir une pression haussière de la part des BULLS (acheteur), cela va faire pression sur les positions « short » puisqu’ils vont :
- soit se retrouver en appel sur marge (à cause de la vente à découvert) ;
- soit sortir avec le stop loss (en perte) ;
- soit limiter les dégâts et sortir avant que la perte soit plus importante.
Mais la chose la plus importante à comprendre, c’est la mécanique derrière la clôture d’une position « short » puisque cela engendre le rachat de la position et par conséquent le rachat implique la hausse (fermeture d’un trade « short » = achat).
Exemples de Short Squeeze sur l’action AMC
Source : TradingView
Exemples de Short Squeeze sur l’action GameStop
Source : TradingView
Short Squeeze et options
L’année 2020 et 2021 ont été des années très populaires en ce qui concerne l’utilisation des options. Pourquoi ? Acheter des options demande moins de capital qu’une vente à découvert, de plus l’option implique un effet de levier puisque chaque contrat possède 100 actions. Ainsi, pour les plus petits comptes, acheter une option d’achat APPLE revient moins cher que d’acheter 100 actions APPLE.
Pourquoi le marché des options peut-il encore plus impacter un Short Squeeze ?
Dans un premier temps, il faut préciser que pour assurer la liquidité sur les options, il y a des « market makers » comme sur le marché actions. Dès qu’un particulier achète une option d’achat (achat call), il y a un vendeur de l’option (vente call) pour assurer la vente (soit le « market maker »).
Cependant, comme le risque de perte est illimité dans la vente d’une option d’achat (vente call), les « market makers » vont acheter le sous-jacent afin de se diriger vers un « delta neutre » (soit le risque neutralisé). La pratique elle-même, se nomme le « delta hedging ». Par conséquent, le fait que les « market makers » achète le sous-jacent pour diminuer leur risque implique une pression supplémentaire sur les positions de vente à découvert.
Short Squeeze en Bourse : comment les détecter ?
Au-delà des titres individuels, il m’arrive d’utiliser également la terminologie de « Short Squeeze » lorsque qu’il y a un niveau de positions baissières trop important (excès) vis-à-vis des indices boursiers.
Par exemple, lorsque le S&P 500 baisse. On peut retrouver aussi un VIX élevé (vers 30), ou alors un ratio d’options de vente versus options d’achats plus élevé (>1). Le fait que le niveau d’intérêt à la baisse est extrêmement élevé peut impliquer prochainement un renversement (indicateur contrarien) et donc le rachat des positions baissières sur le marché. Une fois de plus, le rachat des positions baissières provoque une hausse souvent très dynamique.
C’est pour cela qu’historiquement, les performances sur les mois qui suivent sont plus importantes lorsque le VIX est au-dessus de 30.
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